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Juul Kraijer
Photographie de Juul Kraijer

Lise Pauton est née dans la Drôme Provençale, en 1989. Elle pratique l’art de la contorsion dès son plus jeune âge au sein des activités culturelles en arts vivants de ses parents et grands-parents. Lise finalise son parcours scolaire en intégrant l’Ecole Nationale de Cirque de Chatellerault, spécialité équilibre, pour obtenir un Bac littéraire option Art du Cirque. Son cheminement se poursuit à Toulouse au sein de la Pépinière des Arts du Cirque – dispositif mutualisé entre le Centre des Arts du Cirque Le Lido et la Grainerie. En parallèle, elle poursuit sa formation en équilibre-contorsion auprès de Pascal Angelier.

Elle fonde la RaieManta Compagnie en 2010, à Toulouse.

Lise ou la polyphonie du geste

Autant le savoir, la beauté d’une contorsionniste tient peut-être à ce qu’elle traumatise son corps. Telle une sculpture, sa force tient avant tout dans sa forme, on pourrait dire ses formes. De manière exceptionnelle la contorsion met en valeur des quantité de sections du corps livré aux regards, en dépressions légères, disloqué , tordu, tendu et qui projette des ondulations infinies, jusqu’aux incurvations voluptueuses, d’une jambe ou d’une hanche pliée sous un torse écrasé au sol, d’un cou presque brisé, sur lequel flotte une longue chevelure …

Il faut s’attendre à tout d’une artiste ou d’un artiste qui pratique la contorsion. Cette puissance à mettre l’anormalité, la monstruosité, au niveau de la sublime beauté, c’est suffisamment exceptionnel pour être regardé avec une dose de voyeurisme.
Année après année, Lise Pauton, dite Lisou, ne cesse de porter au plus haut niveau de perfection son oeuvre de la contorsion. La concernant, il s’agit d’un travail artistique en constante évolution, de la Poule blanche à la Poule noire, du Fil des Torsions à Introspection, elle s’applique à faire de la contorsion un langage du corps qui exprime toutes les expressions et les sentiments. Par sa lumière de peau, par un muscle délicatement tendu avec une souplesse provocante parfois jusqu’à l’impudeur, elle exprime toutes ces déformations comme une autre forme de beauté.

Ce qui fait cirque chez elle, c’est sa manière de se mettre en équilibre, de chercher le point de rupture, celui qui peut provoquer une brisure intérieure, une blessure invisible. Son corps bascule dans la souffrance, elle peut à peine respirer, la contorsion est un exercice périlleux qu’il faut assumer jusqu’au bout.

Souvent le corps ramassé et ouvert laisse penser à une coquille de Botticelli ou de Rodin. Née en province, elle apprend à 4 ans de son grand père toutes les leçons de la contorsion et développe depuis la fin de ses études à Châtellerault un projet autour de cette discipline. Son parcours artistique va au delà de ses créations, notamment par sa rencontre avec nombre de photographes qui trouvent en elle, un sujet de création proche de la représentation sculpturale sublimée, elle est inspiration. Passionnée par la poésie et le mouvement l’Oulipo, elle s’engage dans une écriture poétique, les contraintes imposées par ce mouvement offrant à la contorsion une ouverture vers de nouvelles propositions et encourageant la création.
Son travail, véritable laboratoire, s’ouvre de plus en plus sur une représentation des tensions intérieures dans des mises en scène millimétrées où exultent les mouvements de contorsion à la limite de l’implosion de toutes les parties du corps.
Elle ne danse pas, mais son corps est chorégraphie, ses bras, ses jambes, ses hanches, son dos, son ventre, ses cheveux, sa tête, ses mains, tout bouge avec grâce et une belle musicalité, une interprétation sur différents modes pour une polyphonie du geste. Elle est libre et n’accepte rien qui pourrait venir entraver cette liberté. ll y a dans le corps de cette contorsionniste de la plus belle inspiration antique comme un signe de l’éternité, qui n’a de compte à rendre à quiconque .

«Ce corps couleuvre coule le long de lui même, transpirant l’oeuvre qu’il sculpte » Extrait texte RE-Flexion Lise Pauton

Jean-Pierre Marcos

BRÈVES - HORS LES MURS

 » Difficile à pratiquer, difficile aussi à regarder, la contorsion étonne ou dérange. Lise Pauton, jeune artiste formée à l’école de Châtellerault, relève le défi avec Au Fil des torsions, proposition étonnante de 35 minutes dont seule la résistance physique semble avoir limité la durée. Lovée sur un socle circulaire qui définit l’espace, elle est là, sous nos yeux, dans une présence tranquille. D’un point d’initiation déterminé, hanche, épaule, sternum, la question du chemin du mouvement dans le corps se pose à elle. « D’où ça part, par où ça passe, où ça va… ». Points  fixes et points mobiles se cherchent, le corps se déploie sans excès en laissant vibrer la matière. La modification corporelle se propage dans la lenteur d’un flux continu. La performance se fait oublier dans ce déploiement paisible du corps dans l’espace. De torsions en torsions inattendues, simultanées, ouvrant l’espace dans toutes les directions, la transformation s’opère comme une quête… jusqu’à la position finale debout.

Art de l’intime. En s’écartant de l’imagerie d’un corps rompu, contraint, que l’empathie a tendance à rendre douloureux autant qu’exceptionnel, Lise Pauton réussit à nous faire entrer dans une sensation vivante ( vivable ? ) et apprivoise nos peurs. Le travail du son répond au travail du corps ; Philip Glass n’est pas loin dans cette composition aux boucles incessantes. Espace restreint – sobriété du son – mouvement continu, la contorsion devient un art de l’intime cherchant ses marques loin du spectaculaire… Un texte écrit spécialement pour ce solo par Frédéric Forte, membre de l’Oulipo, fait résonner ce corps embarqué sur le chemin des possibles. « 

Odile Cougoule

LISE PAUTON

Lise Pauton est née dans la Drôme Provençale, en 1989. Elle pratique l’art de la contorsion dès son plus jeune âge au sein des activités culturelles en arts vivants de ses parents et grands-parents. Lise finalise son parcours scolaire en intégrant l’École Nationale de Cirque de Chatellerault, spécialité équilibre, pour obtenir un Bac littéraire option Art du Cirque. Son cheminement se poursuit à Toulouse au sein de la Pépinière des Arts du Cirque – dispositif mutualisé entre le Centre des Arts du Cirque Le Lido et la Grainerie. En parallèle, elle poursuit sa formation en équilibre-contorsion auprès de Pascal Angelier.

Elle fonde la RaieManta Compagnie en 2010, à Toulouse. Elle pose un regard contemporain sur l’art de la contorsion ancestrale, et travaille sur un moyen d’expression exigeant, sensible et unique à la croisée du cirque et de la danse. De « Au Fil des Torsions » en collaboration avec l’auteur Frédérique Forte, membre de l’Oulipo; au triptyque de collaborations hors frontières : « HEART » collaboration franco-allemande avec Sebastiano Toma, metteur-en- scène, « HARMONIA » collaboration franco-marocaine, soutenue par l’Institut Français du Maroc, et « Initok & Esil » collaboration franco-ukrainienne, créée dans le cadre du festival Mimos en 2018. Lise est reconnue sur les scènes françaises et internationales.

La forme courte LA POULE NOIRE s’est joué plus de 700 fois en Europe, et continue aujourd’hui à être présentée, notamment dans le développement de la médiation culturelle de la RaieManta Compagnie.

En marge, elle tisse des partenariats forts comme avec la Librairie Tschann, quartier Montparnasse à Paris qui l’a amenée à créer « Le Livre du Corps » sur une partition pour flûte contemporaine écrite par Alain Bancquart et interprète par Jean-Luc Menet, flûtiste. Elle a été de 2010 à 2016 en compagnonnage avec le Pôle National Cirque Jules Verne d’Amiens qui l’a propulsée en tournée avec l’Institut Français de l’Ukraine lors du « Printemps Français » en 2012; pôle qui la soutien et l’accompagne dans ses nombreux projets, et qui l’a intégrée au spectacle « CABANON » du Cirque Buren, à Amiens.

Sa carrière, la mène à rencontrer et à poser pour de nombreux photographes d’art reconnus comme Juul Kraijer. De cette collaboration se créera la performance « Introspection » pour une exposition solo de Juul à la Galerie Les Filles du Calvaire à Paris. Elle travaille auprès de Olivier Valsecchi, collaboration de longue durée. Elle travaille pour les photographes, parfois sur plusieurs années de collaborations,  Klaus Kampert, Gilles Vidal, Acey Harper, Christophe Chaumanet, Pascal Gentil, Sylvie Busnel … Sa collaboration avec le metteur-en-scène Sebastiano Toma aura aussi donné naissance au roman graphique « Der Himmel uber Berlin » pour lequel elle aura posé. Elle travaille, aussi, pour l’artiste Pierre Paulin en collaboration avec Philippe Decrauzat, dans le tournage d’un film en 16 mm numérisé destiné à l’exposition « Sar Dubnotal » au centre d’art de Bretigny le CAC. Puis, c’est dans le réseau des magazines de modes que Lise se retrouve dans l’objectif des photographes reconnus tels que Koto Bolofo dans le ELLE Magazine Italy, et Patrick Swirc dans le GALA Magazine français.

Elle travaille auprès de Cecilia Bengolea pour les performances « Favorites positions » au centre Pompidou lors du festival MOVE, « Oneness » à l’Institut Kunst HGK FHNW, Der Tank à Bale; elle participe également à la performance de la FIAC, au Louvre, salle Khorsabade, en octobre 2019 avec Francois Chaignaud et Cecilia Bengolea.

Elle accompagne en conseil et regard contorsion le projet Pinocchio(live)#2 de Alice Laloy – Compagnie S’appelle Reviens dont la première s’est déroulée au IN du Festival d’Avignon 2021.
Elle travaille actuellement en tant que collaboratrice artistique et interprète dans la création de la Cie Jérôme Thomas « Chair et Os ».
En 2022, on la retrouvera sur les planches des Opéras dans « SONNAMBULA » mis en scène par Francesca Lattuada.

Auparavant, Lise a été interprète pour :
•   La Cie 111 de Aurélien Bory, dans le spectacle « Espaece » ainsi que pour l’Opéra « Orphée et Eurydice ».
•   La Cie Florence Lavaud, Chantier Théâtre – spectacle « Une Belle, Une Bête ».
•   La Cie 13 quais de Guillaume Bertrand – projet « Les Moires ».
•   La Cie Instabili de Véronique Pauton et Virginie Quigneaux dans le duo « Barricades Invisibles ».

Depuis 2020, Lise enseigne l’art de la contorsion et accompagne les élèves contorsionnistes dans la recherche artistique au sein de l’école du Cirque Jules Verne d’Amiens, centre de formation préparatoire aux écoles supérieures de cirque.