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RaieManta compagnie - LISE PAUTON

VOIR / LIRE

 La Ménagerie théâtrale – Écrire, incarner, mettre en scène l’animal en France (XVIIIe-XXIe siècles)

  • Edition : Classique Garnier
  • MARTINEZ (Ariane), « Les “animains”. Enjeux du zoomorphisme dans le cirque moderne et contemporain », in RAMOS-GAY (Ignacio) (dir.), La Ménagerie théâtrale. Écrire, incarner, mettre en scène l’animal en France (XVIII -XXI siècles). p. 207-226
Interview de Lise Pauton P.223 – 224
 

https://classiques-garnier.com/la-menagerie-theatrale-ecrire-incarner-mettre-en-scene-l-animal-en-france-xviiie-xxie-siecles.html

LISE OU LA POLYPHONIE DU GESTE

Autant le savoir, la beauté d’une contorsionniste tient peut-être à ce qu’elle traumatise son corps. Telle une sculpture, sa force tient avant tout dans sa forme, on pourrait dire ses formes…

BACH METAMORPHOSIS

Extrait de l’émission de Corinne Schneider consacrée à Jean-Sebastien Bach et à Yves Rechsteiner

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BACH METAMORPHOSIS

Toulouse les Orgues innove et rassemble

« Au fil des torsions »
de Lise Pauton

Brèves – Hors les murs

« Au fil des torsions »

RENDEZ-VOUS

PERFORMANCE
PERFORMANCE

21 septembre 2024 : TRANS.FORMES.    Lieu : le site du Moulin de Donzère. Contorsion & accordéon, avec Lise Pauton & Patrick Guillot.

20 septembre 2024 : TRANS.FORMES – Intrusion artistique en milieu scolaire avec Lise Pauton et Patrick Guillot. Avec l’ Ecoles Sainte Marie ( 26 ).

13 juin 2025 : EVENEMENT PERFORMANCE – MOULIN DE BEAUVERT. Avec : Lise Pauton, Jérôme Thomas, Marianna de Sanctis, Virginie Quigneaux, Patrick Guillot et des interventions des enfants des écoles Donzèroises.

LA POULE NOIRE

septembre 2024FESTIVAL Circus Op Zee – AMSTERDAM.

Reprise de rôle par la contorsionniste Lise Beaumard.

 

 
BACH METAMORPHOSIS

mars 2025 : AUDITORIUM de STAVANGER ( Norvège ). 

ACTIONS CULTURELLES 
 
TRANS.FORMES – MOULIN DE BEAUVERT DE DONZÉRE

Conception du projet : Lise Pauton / Intervenants : Véronique Pauton et Damien Heinrich.

Action dans le cadre de la préparation de la grande PERFORMANCE TRANS.FORMES du Moulin de Beauvert.

20 septembre 2024 : Ecole Sainte Marie et Ecole André Julien de Donzère ( 26 ).

EN CRÉATION

           RETOUR EN IMAGES 

Trans.Forme – Moulin de Beauvert de Donzère (26) création artistique en lien avec la restauration du Moulin de Beauvert classé Monument Historique.

 

 

JUUL KRAIJER 
COLLABORATION PHOTOGRAPHIQUE SUR LE LONG TERME.
 

 

         Juul Kraijer – Donzère 2024

ANDREA CELINE

COLLABORATION PHOTOGRAPHIQUE 2024

 

 

                      Paris -2024

Lise ou la polyphonie du geste

Autant le savoir, la beauté d’une contorsionniste tient peut-être à ce qu’elle traumatise son corps. Telle une sculpture, sa force tient avant tout dans sa forme, on pourrait dire ses formes. De manière exceptionnelle la contorsion met en valeur des quantité de sections du corps livré aux regards, en dépressions légères, disloqué , tordu, tendu et qui projette des ondulations infinies, jusqu’aux incurvations voluptueuses, d’une jambe ou d’une hanche pliée sous un torse écrasé au sol, d’un cou presque brisé, sur lequel flotte une longue chevelure …

Il faut s’attendre à tout d’une artiste ou d’un artiste qui pratique la contorsion. Cette puissance à mettre l’anormalité, la monstruosité, au niveau de la sublime beauté, c’est suffisamment exceptionnel pour être regardé avec une dose de voyeurisme.
Année après année, Lise Pauton, dite Lisou, ne cesse de porter au plus haut niveau de perfection son oeuvre de la contorsion. La concernant, il s’agit d’un travail artistique en constante évolution, de la Poule blanche à la Poule noire, du Fil des Torsions à Introspection, elle s’applique à faire de la contorsion un langage du corps qui exprime toutes les expressions et les sentiments. Par sa lumière de peau, par un muscle délicatement tendu avec une souplesse provocante parfois jusqu’à l’impudeur, elle exprime toutes ces déformations comme une autre forme de beauté.

Ce qui fait cirque chez elle, c’est sa manière de se mettre en équilibre, de chercher le point de rupture, celui qui peut provoquer une brisure intérieure, une blessure invisible. Son corps bascule dans la souffrance, elle peut à peine respirer, la contorsion est un exercice périlleux qu’il faut assumer jusqu’au bout.

Souvent le corps ramassé et ouvert laisse penser à une coquille de Botticelli ou de Rodin. Née en province, elle apprend à 4 ans de son grand père toutes les leçons de la contorsion et développe depuis la fin de ses études à Châtellerault un projet autour de cette discipline. Son parcours artistique va au delà de ses créations, notamment par sa rencontre avec nombre de photographes qui trouvent en elle, un sujet de création proche de la représentation sculpturale sublimée, elle est inspiration. Passionnée par la poésie et le mouvement l’Oulipo, elle s’engage dans une écriture poétique, les contraintes imposées par ce mouvement offrant à la contorsion une ouverture vers de nouvelles propositions et encourageant la création.
Son travail, véritable laboratoire, s’ouvre de plus en plus sur une représentation des tensions intérieures dans des mises en scène millimétrées où exultent les mouvements de contorsion à la limite de l’implosion de toutes les parties du corps.
Elle ne danse pas, mais son corps est chorégraphie, ses bras, ses jambes, ses hanches, son dos, son ventre, ses cheveux, sa tête, ses mains, tout bouge avec grâce et une belle musicalité, une interprétation sur différents modes pour une polyphonie du geste. Elle est libre et n’accepte rien qui pourrait venir entraver cette liberté. ll y a dans le corps de cette contorsionniste de la plus belle inspiration antique comme un signe de l’éternité, qui n’a de compte à rendre à quiconque .

«Ce corps couleuvre coule le long de lui même, transpirant l’oeuvre qu’il sculpte » Extrait texte RE-Flexion Lise Pauton

Jean-Pierre Marcos

BRÈVES - HORS LES MURS

 » Difficile à pratiquer, difficile aussi à regarder, la contorsion étonne ou dérange. Lise Pauton, jeune artiste formée à l’école de Châtellerault, relève le défi avec Au Fil des torsions, proposition étonnante de 35 minutes dont seule la résistance physique semble avoir limité la durée. Lovée sur un socle circulaire qui définit l’espace, elle est là, sous nos yeux, dans une présence tranquille. D’un point d’initiation déterminé, hanche, épaule, sternum, la question du chemin du mouvement dans le corps se pose à elle. « D’où ça part, par où ça passe, où ça va… ». Points  fixes et points mobiles se cherchent, le corps se déploie sans excès en laissant vibrer la matière. La modification corporelle se propage dans la lenteur d’un flux continu. La performance se fait oublier dans ce déploiement paisible du corps dans l’espace. De torsions en torsions inattendues, simultanées, ouvrant l’espace dans toutes les directions, la transformation s’opère comme une quête… jusqu’à la position finale debout.

Art de l’intime. En s’écartant de l’imagerie d’un corps rompu, contraint, que l’empathie a tendance à rendre douloureux autant qu’exceptionnel, Lise Pauton réussit à nous faire entrer dans une sensation vivante ( vivable ? ) et apprivoise nos peurs. Le travail du son répond au travail du corps ; Philip Glass n’est pas loin dans cette composition aux boucles incessantes. Espace restreint – sobriété du son – mouvement continu, la contorsion devient un art de l’intime cherchant ses marques loin du spectaculaire… Un texte écrit spécialement pour ce solo par Frédéric Forte, membre de l’Oulipo, fait résonner ce corps embarqué sur le chemin des possibles. « 

Odile Cougoule

Toulouse les Orgues innove et rassemble

écrit par Serge Chauzy 20 octobre 2021 08:16

La 26ème édition de Toulouse les Orgues poursuit sa démarche d’accommodation de l’orgue dans des recettes aussi bien traditionnelles que créatives : récitals, duos avec des ensembles instrumentaux ou vocaux, en dialogue avec du cinéma, de l’accordéon, et même… de la contorsion !

Les notes et le corps

Le 12 octobre, la cathédrale Saint-Etienne accueillait le projet « Bach Metamorphosis », dans lequel la musique de Jean-Sébastien Bach, jouée par Yves Rechsteiner, entre en résonance avec l’art de la contorsionniste Lise Pauton. Ce soir-là, dans la nef gothique et ses stalles boisées, le public se rassemble autour d’une estrade entourée d’un cercle de lumière. Sur cette scène, la jeune contorsionniste, à la fois danseuse, chorégraphe et gymnaste se livre à une traduction corporelle de la musique de Bach qui émane du bel orgue en nid d’hirondelle de la cathédrale.
Aux commandes de l’instrument reconstruit par Alfred Kern, Yves Rechsteiner, le directeur artistique du festival, revisite de grandes œuvres de Johann Sebastian Bach. En quelques années, il a réalisé les transcriptions pour l’orgue des sonates et partitas pour violon seul, prolongeant ainsi une pratique courante à l’époque de Bach et plus récemment encore. Il a ainsi été amené à harmoniser et enrichir les lignes mélodiques destinées à l’instrument monodique qu’est le violon, pour l’instruments le plus polyphonique qui soit !

Le concert du 12 octobre s’ouvre sur la Sinfonia de la Partita n° 3 BWV 1006 : une entrée en matière brillante et solennelle. Suivent les étranges nappes sonores d’une improvisation qui accompagne la très lente entrée de Lise Pauton. C’est alors que s’ouvre un fascinant dialogue entre les ondes sonores de l’orgue et les mouvements d’une souplesse extrême du corps de la contorsionniste. Quatre mouvements de Sonates pour violon, transcrites pour l’instrument-roi, suscitent les interventions visuelles de Lise Pauton, comme habitée par la musique. Rien de redondant dans ces mouvements qui suggèrent plus qu’ils n’accompagnent.
Une nouvelles improvisation sous forme de nappes sonores rappelle la danseuse-chorégraphe avant la transcription des quatre premiers mouvements de la fameuse Partita n° 2 en si mineur, au cours desquels une chevelure « à la Mélisande » ponctue le déroulement de l’œuvre. La troisième improvisation déchaîne un véritable cataclysme qui introduit la phase finale de ce dialogue en forme de correspondance, au sens baudelairien du terme. Le mouvement final, la célèbre Chaconne, de la même Partita n° 2, magnifie cette conclusion en forme d’apothéose.
Ainsi s’achève ce voyage aux accents mystiques au cœur de la musique de Bach le grand.

"Au fil des torsions" de Lise Pauton

La contorsion est un art du corps solidement encadré, aux figures symétriques et standardisés, et de surcroît un fief d’écoles mongoles et russes. Qu’est-ce qui peut donc conduire une jeune artiste française à s’approprier les codes d’une discipline, pour la réinventer de bout en bout ?

Issue d’une famille d’artistes en cirque et en danse, Pauton s’est formée à l’Ecole nationale de cirque de Châtellerault et bien sûr dans le cadre familial. Mais son approche de la contorsion est essentiellement celle d’une autodidacte ayant commencé les arts du cirque à un très jeune âge.

« Au fil des torsions » est le reflet de cette liberté et porte un regard intégralement renouvelé sur les figures standardisés et reconnaissables du répertoire centenaire des contorsionnistes. Si l’approche classique cherche une plasticité harmonieuse et élégante, grâce à la symétrie et la linéarité des figures classiquement présentées en profil, Pauton désarticule et recompose son corps de façon presque rhizomique.

La contorsion selon Pauton

Contrairement à la contorsion traditionnelle, celle de Lise Pauton n’est pas représentable en théâtre d’ombres. Chaque partie de son corps va se repositionner librement face à toutes les autres, sans cesse et de bout en bout, si bien que Pauton semble avoir bien plus d’un seul corps.
 
À elle seule, cette acrobate complexe mais décomplexée porte un jeu de réassemblage permanent, comparable à celui de l’ensemble d’interprètes dans Empty Moves d’Angelin Preljocaj. Ici comme là, la matière est inépuisable. Au fil des torsions donne une idée de ce que Picasso aurait pu créer s’il avait eu à sa disposition le logiciel Life Forms de Merce Cunningham.
Seule la résistance physique du corps limite la durée du spectacle (à une trentaine de minutes). Si l’épuisement ne jouait pas, Pauton pourrait bien faire durer son solo pendant une heure, confirme-t-elle.

Pauton ne donne pas l’acrobate qui vient chercher les applaudissements. Elle crée un personnage, un véritable univers visuel et esthétique, traversé par une belle part de mystère où tout exploit physique est au service d’une recherche atmosphérique et artistique.

La contorsion devient ainsi un art intimiste, mettant en avant fragilité et inquiétude ainsi qu’une étrangeté où chaque partie du corps peut paraître, le temps d’un regard, comme un élément étranger. Mais ces torsions imprévisibles, multidirectionnelles et simultanées nous parlent aussi de liberté et d’émancipation à travers cette danse si singulière et le choix de l’accompagner d’un texte écrit spécialement pour la pièce par Frédéric Forte, membre de l’Oulipo, bref et désarticulé comme le corps de l’interprète: « … une autre langue oh ! / autrement / à l’envers allant / vers le vert / le vertige… »

Thomas Hahn