Skip to content

Prochaine CREATION

Avec Lise Pauton

Adalberto Fernandez Torres

Elodie Chan ou Nicole Martres

Lucille Chalopin

Yves Rechsteiner ou Loriane LLorca

RaieManta compagnie - LISE PAUTON

VOIR / LIRE

Galerie des 3 Lacs, Campus Pont-de-Bois. Photographies de Ben Hopper,  Juul Kraijer et Alice Laloy. Modèles contorsionnistes et danseuses ( dont Lise Pauton )

Identità Inquiete FILM 3D – Musée d’histoire de la Psychiatrie de Reggio Emilia (Italie)

Projet mené par la chorégraphe Francesca Lattuada en collaboration avec Fondazione Nazionale della Danza – Aterballetto, avec l’interprétation de Lise Pauton.

TABLE RONDE

« Valeur(s) de la souplesse » au Pôle national Cirque – Le Prato de Lille      

17 novembre 2022 

Avec Yaqin Deng, Alessandro Porrovechio, Alexander Vantournhout, et Lise Pauton. Organisée par Ariane Martinez, MCF-HDR arts de la scène, Laboratoire CEAC.

LISE OU LA POLYPHONIE DU GESTE

Autant le savoir, la beauté d’une contorsionniste tient peut-être à ce qu’elle traumatise son corps. Telle une sculpture, sa force tient avant tout dans sa forme, on pourrait dire ses formes…

BACH METAMORPHOSIS

Extrait de l’émission de Corinne Schneider consacrée au spectacle et à Yves Rechsteiner

Play Video

BACH METAMORPHOSIS

Toulouse les Orgues innove et rassemble

« Au fil des torsions »
de Lise Pauton

Brèves – Hors les murs

« Au fil des torsions »

RENDEZ-VOUS

PERFORMANCE – HAPPENING

26 janvier 2023 : Performance – happening poétique, à l’hôpital de Santé Mentale de La Roche-sur-Foron – dans le cadre de l’inauguration de nouveaux locaux au sein du bâtiment. Avec Lise Pauton en contorsion,  Damien Heinrich au jonglage, et Patrick Guillot à l’accordéon.

BACH METAMORPHOSIS

25 septembre 2022   

Festival Les intégrales d’Automnes à Labastide Saint Pierre. Version salle (orgue transportable). 

29 & 30 avril 2023 

Musée San Colombano de Bologne en Italie, adaptation de Bach Metamorphosis avec les instruments anciens du musée.

25 août 2023 

Cathédrale de Langres – Forum Diderot

V(OU)IVRES

11 novembre 2022 : Première au Pôle National Cirque et Art de la Rue, le cirque Jules Verne d’Amiens.

22 novembre 2022 : V(OU)IVRES au Prato, Pôle National Cirque de Lille.

7 janvier 2023 : Saint-Laurent-de-Neste – Maison du Savoir par la Scène Nationale du Parvis de Tarbes.

20 avril 2023 : Théâtre des Mazades de Toulouse par la Grainerie, Fabrique des Arts du Cirque et de l’itinérance de Balma.

20 octobre 2023 : Cirkéole de Montigny-les-Metz – adaptation sous chapiteau.

AU FIL DES TORSIONS

16 octobre 2022 : Art Fabrik de Combaillaux – Cie Yann Lheureux.

17 octobre 2022 : Ecole élémentaire de Combaillaux – Cie Yann Lheureux.

LA POULE NOIRE

24 et 25 novembre 2022 : Festival Courts Cirques, oui ! Scène Nationale de Bourg-en-Bresse

15 décembre 2022 :         Adaptation de la Poule Noire avec composition sonore en live de Léo Plastaga, à destination du public de l’Etablissement public de Santé Mentale de la Roche-sur-Foron.

ATELIERS

23 novembre 2022 : « Souplesse pour toutes – et tous ! » – avec Lise Pauton, contorsionniste –  Théâtre des Passerelles (Pont-de-Bois) – Réservé aux étudiants de l’université.

24 novembre 2022 : Atelier – discussion dans le cadre de l’université de Lille.

Workshops Découverte contorsion auprès de la classe préparatoire à l’entrée dans les écoles supérieures des arts du cirque du Cirk’Eole de Montigny-les-Metz.

SUR LE CHEMIN DE L’ECOLE
Janvier – Mars 2023

Conception du projet : Lise Pauton / Intervenante en mouvement de torsion et danse : Liya Semankova.

Action dans le cadre du Passeport pour l’Art – la Mairie de Toulouse.

EN CRÉATION

LA SONNAMBULA 2023
Opéra mis en scène par Francesca Lattuada.
Avec l’interprétation de Lise Pauton dans la doublure du rôle principal.

Opéra de Limoges – 7 et 9 avril 2023

Opéra de Massy – 12 et 14 mai 2023 

Opéra de Compiègne, Théâtre Impérial – 25 mai 2023

COLLABORATION PHOTOGRAPHIQUE

Juul Kraijer – Rotterdam 2023

Lise ou la polyphonie du geste

Autant le savoir, la beauté d’une contorsionniste tient peut-être à ce qu’elle traumatise son corps. Telle une sculpture, sa force tient avant tout dans sa forme, on pourrait dire ses formes. De manière exceptionnelle la contorsion met en valeur des quantité de sections du corps livré aux regards, en dépressions légères, disloqué , tordu, tendu et qui projette des ondulations infinies, jusqu’aux incurvations voluptueuses, d’une jambe ou d’une hanche pliée sous un torse écrasé au sol, d’un cou presque brisé, sur lequel flotte une longue chevelure …

Il faut s’attendre à tout d’une artiste ou d’un artiste qui pratique la contorsion. Cette puissance à mettre l’anormalité, la monstruosité, au niveau de la sublime beauté, c’est suffisamment exceptionnel pour être regardé avec une dose de voyeurisme.
Année après année, Lise Pauton, dite Lisou, ne cesse de porter au plus haut niveau de perfection son oeuvre de la contorsion. La concernant, il s’agit d’un travail artistique en constante évolution, de la Poule blanche à la Poule noire, du Fil des Torsions à Introspection, elle s’applique à faire de la contorsion un langage du corps qui exprime toutes les expressions et les sentiments. Par sa lumière de peau, par un muscle délicatement tendu avec une souplesse provocante parfois jusqu’à l’impudeur, elle exprime toutes ces déformations comme une autre forme de beauté.

Ce qui fait cirque chez elle, c’est sa manière de se mettre en équilibre, de chercher le point de rupture, celui qui peut provoquer une brisure intérieure, une blessure invisible. Son corps bascule dans la souffrance, elle peut à peine respirer, la contorsion est un exercice périlleux qu’il faut assumer jusqu’au bout.

Souvent le corps ramassé et ouvert laisse penser à une coquille de Botticelli ou de Rodin. Née en province, elle apprend à 4 ans de son grand père toutes les leçons de la contorsion et développe depuis la fin de ses études à Châtellerault un projet autour de cette discipline. Son parcours artistique va au delà de ses créations, notamment par sa rencontre avec nombre de photographes qui trouvent en elle, un sujet de création proche de la représentation sculpturale sublimée, elle est inspiration. Passionnée par la poésie et le mouvement l’Oulipo, elle s’engage dans une écriture poétique, les contraintes imposées par ce mouvement offrant à la contorsion une ouverture vers de nouvelles propositions et encourageant la création.
Son travail, véritable laboratoire, s’ouvre de plus en plus sur une représentation des tensions intérieures dans des mises en scène millimétrées où exultent les mouvements de contorsion à la limite de l’implosion de toutes les parties du corps.
Elle ne danse pas, mais son corps est chorégraphie, ses bras, ses jambes, ses hanches, son dos, son ventre, ses cheveux, sa tête, ses mains, tout bouge avec grâce et une belle musicalité, une interprétation sur différents modes pour une polyphonie du geste. Elle est libre et n’accepte rien qui pourrait venir entraver cette liberté. ll y a dans le corps de cette contorsionniste de la plus belle inspiration antique comme un signe de l’éternité, qui n’a de compte à rendre à quiconque .

«Ce corps couleuvre coule le long de lui même, transpirant l’oeuvre qu’il sculpte » Extrait texte RE-Flexion Lise Pauton

Jean-Pierre Marcos

BRÈVES - HORS LES MURS

 » Difficile à pratiquer, difficile aussi à regarder, la contorsion étonne ou dérange. Lise Pauton, jeune artiste formée à l’école de Châtellerault, relève le défi avec Au Fil des torsions, proposition étonnante de 35 minutes dont seule la résistance physique semble avoir limité la durée. Lovée sur un socle circulaire qui définit l’espace, elle est là, sous nos yeux, dans une présence tranquille. D’un point d’initiation déterminé, hanche, épaule, sternum, la question du chemin du mouvement dans le corps se pose à elle. « D’où ça part, par où ça passe, où ça va… ». Points  fixes et points mobiles se cherchent, le corps se déploie sans excès en laissant vibrer la matière. La modification corporelle se propage dans la lenteur d’un flux continu. La performance se fait oublier dans ce déploiement paisible du corps dans l’espace. De torsions en torsions inattendues, simultanées, ouvrant l’espace dans toutes les directions, la transformation s’opère comme une quête… jusqu’à la position finale debout.

Art de l’intime. En s’écartant de l’imagerie d’un corps rompu, contraint, que l’empathie a tendance à rendre douloureux autant qu’exceptionnel, Lise Pauton réussit à nous faire entrer dans une sensation vivante ( vivable ? ) et apprivoise nos peurs. Le travail du son répond au travail du corps ; Philip Glass n’est pas loin dans cette composition aux boucles incessantes. Espace restreint – sobriété du son – mouvement continu, la contorsion devient un art de l’intime cherchant ses marques loin du spectaculaire… Un texte écrit spécialement pour ce solo par Frédéric Forte, membre de l’Oulipo, fait résonner ce corps embarqué sur le chemin des possibles. « 

Odile Cougoule

Toulouse les Orgues innove et rassemble

écrit par Serge Chauzy 20 octobre 2021 08:16

La 26ème édition de Toulouse les Orgues poursuit sa démarche d’accommodation de l’orgue dans des recettes aussi bien traditionnelles que créatives : récitals, duos avec des ensembles instrumentaux ou vocaux, en dialogue avec du cinéma, de l’accordéon, et même… de la contorsion !

Les notes et le corps

Le 12 octobre, la cathédrale Saint-Etienne accueillait le projet « Bach Metamorphosis », dans lequel la musique de Jean-Sébastien Bach, jouée par Yves Rechsteiner, entre en résonance avec l’art de la contorsionniste Lise Pauton. Ce soir-là, dans la nef gothique et ses stalles boisées, le public se rassemble autour d’une estrade entourée d’un cercle de lumière. Sur cette scène, la jeune contorsionniste, à la fois danseuse, chorégraphe et gymnaste se livre à une traduction corporelle de la musique de Bach qui émane du bel orgue en nid d’hirondelle de la cathédrale.
Aux commandes de l’instrument reconstruit par Alfred Kern, Yves Rechsteiner, le directeur artistique du festival, revisite de grandes œuvres de Johann Sebastian Bach. En quelques années, il a réalisé les transcriptions pour l’orgue des sonates et partitas pour violon seul, prolongeant ainsi une pratique courante à l’époque de Bach et plus récemment encore. Il a ainsi été amené à harmoniser et enrichir les lignes mélodiques destinées à l’instrument monodique qu’est le violon, pour l’instruments le plus polyphonique qui soit !

Le concert du 12 octobre s’ouvre sur la Sinfonia de la Partita n° 3 BWV 1006 : une entrée en matière brillante et solennelle. Suivent les étranges nappes sonores d’une improvisation qui accompagne la très lente entrée de Lise Pauton. C’est alors que s’ouvre un fascinant dialogue entre les ondes sonores de l’orgue et les mouvements d’une souplesse extrême du corps de la contorsionniste. Quatre mouvements de Sonates pour violon, transcrites pour l’instrument-roi, suscitent les interventions visuelles de Lise Pauton, comme habitée par la musique. Rien de redondant dans ces mouvements qui suggèrent plus qu’ils n’accompagnent.
Une nouvelles improvisation sous forme de nappes sonores rappelle la danseuse-chorégraphe avant la transcription des quatre premiers mouvements de la fameuse Partita n° 2 en si mineur, au cours desquels une chevelure « à la Mélisande » ponctue le déroulement de l’œuvre. La troisième improvisation déchaîne un véritable cataclysme qui introduit la phase finale de ce dialogue en forme de correspondance, au sens baudelairien du terme. Le mouvement final, la célèbre Chaconne, de la même Partita n° 2, magnifie cette conclusion en forme d’apothéose.
Ainsi s’achève ce voyage aux accents mystiques au cœur de la musique de Bach le grand.

"Au fil des torsions" de Lise Pauton

La contorsion est un art du corps solidement encadré, aux figures symétriques et standardisés, et de surcroît un fief d’écoles mongoles et russes. Qu’est-ce qui peut donc conduire une jeune artiste française à s’approprier les codes d’une discipline, pour la réinventer de bout en bout ?

Issue d’une famille d’artistes en cirque et en danse, Pauton s’est formée à l’Ecole nationale de cirque de Châtellerault et bien sûr dans le cadre familial. Mais son approche de la contorsion est essentiellement celle d’une autodidacte ayant commencé les arts du cirque à un très jeune âge.

« Au fil des torsions » est le reflet de cette liberté et porte un regard intégralement renouvelé sur les figures standardisés et reconnaissables du répertoire centenaire des contorsionnistes. Si l’approche classique cherche une plasticité harmonieuse et élégante, grâce à la symétrie et la linéarité des figures classiquement présentées en profil, Pauton désarticule et recompose son corps de façon presque rhizomique.

La contorsion selon Pauton

Contrairement à la contorsion traditionnelle, celle de Lise Pauton n’est pas représentable en théâtre d’ombres. Chaque partie de son corps va se repositionner librement face à toutes les autres, sans cesse et de bout en bout, si bien que Pauton semble avoir bien plus d’un seul corps.
 
À elle seule, cette acrobate complexe mais décomplexée porte un jeu de réassemblage permanent, comparable à celui de l’ensemble d’interprètes dans Empty Moves d’Angelin Preljocaj. Ici comme là, la matière est inépuisable. Au fil des torsions donne une idée de ce que Picasso aurait pu créer s’il avait eu à sa disposition le logiciel Life Forms de Merce Cunningham.
Seule la résistance physique du corps limite la durée du spectacle (à une trentaine de minutes). Si l’épuisement ne jouait pas, Pauton pourrait bien faire durer son solo pendant une heure, confirme-t-elle.

Pauton ne donne pas l’acrobate qui vient chercher les applaudissements. Elle crée un personnage, un véritable univers visuel et esthétique, traversé par une belle part de mystère où tout exploit physique est au service d’une recherche atmosphérique et artistique.

La contorsion devient ainsi un art intimiste, mettant en avant fragilité et inquiétude ainsi qu’une étrangeté où chaque partie du corps peut paraître, le temps d’un regard, comme un élément étranger. Mais ces torsions imprévisibles, multidirectionnelles et simultanées nous parlent aussi de liberté et d’émancipation à travers cette danse si singulière et le choix de l’accompagner d’un texte écrit spécialement pour la pièce par Frédéric Forte, membre de l’Oulipo, bref et désarticulé comme le corps de l’interprète: « … une autre langue oh ! / autrement / à l’envers allant / vers le vert / le vertige… »

Thomas Hahn