Bach metamorphosis
Avec Bach Métamorphosis, une double transformation s’offre au spectateur : celle des sonates et partitas pour violon de Bach grâce à la transposition pour orgue réalisée par Yves Rechsteiner et celle du dispositif du concert devenu un spectacle complet grâce à l’art de la contorsion de Lise Pauton.
Dans l’espace monumental d’une église ou d’une cathédrale, où le silence résonne autant que la note, un corps en contorsion est traversé par la musique de Bach et propose au spectateur une interprétation dansée de ces partitions. À travers une dramaturgie de la rencontre, musique, espace, corps et lumière se découvrent, s’écoutent, se répondent, se complètent, parfois se rejettent et surtout s’enrichissent au cœur d’une relation sans cesse renouvelée.
Forme hybride unique à mi-chemin entre le concert, l’installation performative et le ballet, Bach Metamorphosis se révèle être une véritable création autour des sonates et partitas dont elle offre une réception au spectateur jusqu’alors inédite.
Karine Saroh, Dr en arts du spectacle, Ésacto’Lido
Notes d'intention
L’orgue est un monument de par sa taille, de par son histoire. Il est le seul instrument qui se joue à la fois avec les mains et les pieds. Il implique le corps de l’organiste dans sa globalité. Son histoire est particulièrement marquée par l’improvisation musicale, les partitions écrites que nous connaissons ne sont qu’un infime témoin de son histoire, il a quelque chose d’impalpable, qui nous échappe et qui crée un mystère.
Perché dans les églises, l’orgue observe et souffle, il est à mes yeux un organe sur-dimensionné, poumon de l’église, veines de la nef. Il fait vibrer l’espace, l’air et les corps. Il nous donne à palper la matière de l’espace, nous traverse et forme un tout entre espace et vibrations.
En tant que contorsionniste, il me plait de m’y confronter par la partition de mon corps, me laisser aspirer par ses notes résonnantes, les laisser rebondir dans mes méandres corporelles, puis resurgir de part et d’autre de mon épiderme. Je parcours et chemine l’espace intérieur de mon être, incroyablement riche de chemins sensibles. Articuler tisser de précisions infimes ces deux matières vivantes-organiques pour en composer une musique puissante nourrie de deux langages conjugués.
A la façon dont J.S. Bach combinait de multiples mélodies, je vais décupler mon corps, disséquer ses mouvements, de sorte qu’il soit une combinaison de plusieurs, ne sachant plus si l’on en perçoit un seul ?
Orgue et contorsion se lient, s’unissent pour leur singularité commune. Ils ont une part de mystère qui nous échappe, ils sont impalpables de par leur histoire. Pourquoi se confronter à l’infiniment grand . Quelles vont être les alchimies créées. Comment vont-ils se nourrir, s’enrichir l’un de l’autre?
Aventure passionnante que cette rencontre qui ouvre un nouvel espace…une autre Metamorphosis.
Lise Pauton
J.S. Bach, le maître du clavier était aussi violoniste. En plus d’avoir laissé une oeuvre monumentale pour clavier, il a aussi composé des sonates et partitas pour violon seul, qui restent aujourd’hui un sommet de la littérature pour cet instrument.
Pourtant nous savons que les possibilités réduites du violon à produire plusieurs sons simultanément, ont déjà poussé Bach lui-même à jouer ces pièces sur un clavier. Seuls quelques fragments de ces versions ont survécu, c’est pourquoi j’ai souhaité proposer une version pour orgue de l’intégralité de l’oeuvre pour violon seul de Bach, en s’inspirant évidemment de sa propre écriture. Ces pièces gagnent une dimension nouvelle par la monumentalité et la richesse des couleurs de l’orgue, et trouvent un autre équilibre par l’ajout des voix et des harmonies ajoutées aux lignes originales de Bach. Ainsi elles deviennent autres tout en restant les mêmes… une Metamorphosis.
J’ai perçu dans la contorsion un corps sous tension. Une tension expressive qui me touche car elle va chercher la beauté au delà de certaines limites naturelles. Spontanément cette recherche m’évoque la musique de Bach, une musique sous une tension continue dans un temps très vaste, une musique dont la beauté et la complexité se déploie très au delà des limites naturelles de la musique de l’époque. J’attends aussi avec curiosité de voir les résonances que la musique de Bach peut évoquer dans le langage de la contorsion, autant que je suis intrigué de savoir ce que la contorsion pourra modifier dans ma manière de jouer, de sentir ou de transmettre Bach au public d’aujourd’hui. Car, et c’est le dernier point, ce langage musical complexe peut demander une culture d’écoute, des éléments de compréhension qui ne sont pas forcément partagés au sein de tous les publics d’aujourd’hui. Aussi la contorsion peut être un médium de perception supplémentaire; je souhaite qu’elle se fonde en une alchimie subtile avec la musique pour créer une émotion artistique nouvelle que la seul musique n’aura peut-être pas su provoquer.
Yves Rechsteiner – organiste
Toulouse les Orgues innove et rassemble
écrit par Serge Chauzy 20 octobre 2021 08:16
La 26ème édition de Toulouse les Orgues poursuit sa démarche d’accommodation de l’orgue dans des recettes aussi bien traditionnelles que créatives : récitals, duos avec des ensembles instrumentaux ou vocaux, en dialogue avec du cinéma, de l’accordéon, et même… de la contorsion !L’équipe de création :
Orgue : Yves Rechsteiner
Chorégraphie, contorsion et costume : Lise Pauton
Création lumière et régie générale de tournée : Jean-Luc Maurs
Direction de la production : Myriam Chaabouni, bureau de production Tout’Art.
Chargée de production : Louise Sadoc, bureau de production Tout’Art.
Administration : Jeremias Messina, bureau de production Tout’Art.
Communication : Stéphane Zang
Photographe : Olivier Valsecchi
BACH METAMORPHOSIS est une production de la RaieManta Compagnie.
Coproduction : Festival Toulouse-les-Orgues
Soutiens et partenariats :
– avec le soutien financier de la Drac Occitanie dans le cadre du Plan de relance pour la Culture
– la Région Occitanie – Pyrénées Méditerranée
– le département de la Haute-Garonne.