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INITOK ET ESIL

Théâtre visuel acrobatique / Acrobatic physical theater

« Initok & Esil » est le troisième volet d’un triptyque de collaborations de créations à l’international.

Lise Pauton plonge dans l’Est, en Ukraine, et s’intéresse à la physical comedy et le monde absurde des clowns russes que Konstantine transporte dans ses personnages. On dit de ces clowns qu’ils sont les gentlemen du rire : « l’art du dynamitage systématique des situations les plus invraisemblablement anodines », résume Dominique Mauclair, fondateur du Festival mondial du Cirque de Demain. 

Lise et Konstantine s’affranchissent des attributs classiques du clown blanc et de son auguste, avec une inspiration du monde cinématographique américain de Buster Keaton et les romans fantastiques russes et ukrainiens.
INITOK & ESIL nous invite à un voyage au pays de l’étrange, alliant subtilement le burlesque et la bizarrerie. À la fois histoire d’amour, satire sociale, comédie burlesque et conte fantastique.

Le projet est une forme de design moderne du comique de corps, et d’une stylisation très personnelle où l’humour peut découler des plus petites choses de la vie. Une imagerie est donnée, collée au concept de la grimace ; la grimace qui est traditionnellement aux limites de la face, ici elle dégouline le long des lignes du corps comme une « grimace corporelle « .
Cette création sera conçue et interprétée par Lise PAUTON contorsionniste, et Konstantine Andreitchenko, acrobate en physical comedy, les deux protagonistes provoqueront ainsi  leur rencontre dans le cadre du processus de création. Celui-ci s’alternera volontairement entre improvisations et bifurcations dramatiques afin de provoquer des allers retours entre l’absurde et la raison.

Conception et interprétation : Lise PAUTON & Konstantine ANDREITCHENKO 

Assistante artistique : Véronique PAUTON
Composition sonore : Léo PLASTAGA
Régie générale et création lumière : Jean-Luc MAURS  

Fabrication décor en bois : Gérald Boissier.

Production et Administration : Bureau Tout’Art. Myriam CHAABOUNI & Margaux DUCHÊNE. 

Co-productions : L’Odyssée – Scène conventionnée de Périgueux – Institut national des Arts du Mime et du Geste.
Sortie de création au Festival Mimos 2018.
Accueil en résidence : CIRCa, Pôle National  La Cascade / Pôle National des Arts du Cirque de Auch / Théâtre du Colombier de Cordes-sur-Ciel / Canopée au Nantholia 

LES AUTRES SPECTACLES

Lise ou la polyphonie du geste

Autant le savoir, la beauté d’une contorsionniste tient peut-être à ce qu’elle traumatise son corps. Telle une sculpture, sa force tient avant tout dans sa forme, on pourrait dire ses formes. De manière exceptionnelle la contorsion met en valeur des quantité de sections du corps livré aux regards, en dépressions légères, disloqué , tordu, tendu et qui projette des ondulations infinies, jusqu’aux incurvations voluptueuses, d’une jambe ou d’une hanche pliée sous un torse écrasé au sol, d’un cou presque brisé, sur lequel flotte une longue chevelure …

Il faut s’attendre à tout d’une artiste ou d’un artiste qui pratique la contorsion. Cette puissance à mettre l’anormalité, la monstruosité, au niveau de la sublime beauté, c’est suffisamment exceptionnel pour être regardé avec une dose de voyeurisme.
Année après année, Lise Pauton, dite Lisou, ne cesse de porter au plus haut niveau de perfection son oeuvre de la contorsion. La concernant, il s’agit d’un travail artistique en constante évolution, de la Poule blanche à la Poule noire, du Fil des Torsions à Introspection, elle s’applique à faire de la contorsion un langage du corps qui exprime toutes les expressions et les sentiments. Par sa lumière de peau, par un muscle délicatement tendu avec une souplesse provocante parfois jusqu’à l’impudeur, elle exprime toutes ces déformations comme une autre forme de beauté.

Ce qui fait cirque chez elle, c’est sa manière de se mettre en équilibre, de chercher le point de rupture, celui qui peut provoquer une brisure intérieure, une blessure invisible. Son corps bascule dans la souffrance, elle peut à peine respirer, la contorsion est un exercice périlleux qu’il faut assumer jusqu’au bout.

Souvent le corps ramassé et ouvert laisse penser à une coquille de Botticelli ou de Rodin. Née en province, elle apprend à 4 ans de son grand père toutes les leçons de la contorsion et développe depuis la fin de ses études à Châtellerault un projet autour de cette discipline. Son parcours artistique va au delà de ses créations, notamment par sa rencontre avec nombre de photographes qui trouvent en elle, un sujet de création proche de la représentation sculpturale sublimée, elle est inspiration. Passionnée par la poésie et le mouvement l’Oulipo, elle s’engage dans une écriture poétique, les contraintes imposées par ce mouvement offrant à la contorsion une ouverture vers de nouvelles propositions et encourageant la création.
Son travail, véritable laboratoire, s’ouvre de plus en plus sur une représentation des tensions intérieures dans des mises en scène millimétrées où exultent les mouvements de contorsion à la limite de l’implosion de toutes les parties du corps.
Elle ne danse pas, mais son corps est chorégraphie, ses bras, ses jambes, ses hanches, son dos, son ventre, ses cheveux, sa tête, ses mains, tout bouge avec grâce et une belle musicalité, une interprétation sur différents modes pour une polyphonie du geste. Elle est libre et n’accepte rien qui pourrait venir entraver cette liberté. ll y a dans le corps de cette contorsionniste de la plus belle inspiration antique comme un signe de l’éternité, qui n’a de compte à rendre à quiconque .

«Ce corps couleuvre coule le long de lui même, transpirant l’oeuvre qu’il sculpte » Extrait texte RE-Flexion Lise Pauton

Jean-Pierre Marcos

BRÈVES - HORS LES MURS

 » Difficile à pratiquer, difficile aussi à regarder, la contorsion étonne ou dérange. Lise Pauton, jeune artiste formée à l’école de Châtellerault, relève le défi avec Au Fil des torsions, proposition étonnante de 35 minutes dont seule la résistance physique semble avoir limité la durée. Lovée sur un socle circulaire qui définit l’espace, elle est là, sous nos yeux, dans une présence tranquille. D’un point d’initiation déterminé, hanche, épaule, sternum, la question du chemin du mouvement dans le corps se pose à elle. « D’où ça part, par où ça passe, où ça va… ». Points  fixes et points mobiles se cherchent, le corps se déploie sans excès en laissant vibrer la matière. La modification corporelle se propage dans la lenteur d’un flux continu. La performance se fait oublier dans ce déploiement paisible du corps dans l’espace. De torsions en torsions inattendues, simultanées, ouvrant l’espace dans toutes les directions, la transformation s’opère comme une quête… jusqu’à la position finale debout.

Art de l’intime. En s’écartant de l’imagerie d’un corps rompu, contraint, que l’empathie a tendance à rendre douloureux autant qu’exceptionnel, Lise Pauton réussit à nous faire entrer dans une sensation vivante ( vivable ? ) et apprivoise nos peurs. Le travail du son répond au travail du corps ; Philip Glass n’est pas loin dans cette composition aux boucles incessantes. Espace restreint – sobriété du son – mouvement continu, la contorsion devient un art de l’intime cherchant ses marques loin du spectaculaire… Un texte écrit spécialement pour ce solo par Frédéric Forte, membre de l’Oulipo, fait résonner ce corps embarqué sur le chemin des possibles. « 

Odile Cougoule